L’Etape du Tour 2024
L’Etape du Tour 2024. Retour d’expérience avec Pierre Thoré.
La 32e édition de L’Étape du Tour de France s’est tenue le 06 juillet 2024 sur le parcours de la 20e étape du Tour de France, entre Nice et le col de la Couillole, soit 138 km de route avec plus de 4 600 mètres de dénivelé positif cumulé, incluant les ascensions des cols de Braus, de Turini, de la Colmiane et de la Couillole. Nous avons sollicité Pierre Thoré, membre HOAO et participant à l’épreuve, pour obtenir son retour d’expérience.
Bonjour Pierre, peux-tu rapidement nous décrire qui tu es ?
Avant de parler de sport, brève introduction quant à ma personne. Je suis Lorrain de naissance, comportant une petite proportion de sang italien, et désormais résidant en région parisienne pour le travail et une belle histoire de cœur. Je suis médecin, spécialiste en pneumologie. Après des études, un internat et un premier clinicat au CHU de Nancy, je réalise actuellement et jusqu’à fin octobre 2024 un second clinicat à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) à Paris. Dès novembre j’exercerai en libéral à la clinique de Champigny sur Marne, ce qui devrait me laisser un peu plus de libertés sur mon emploi du temps que ce que j’ai actuellement.
Sportif je l’ai toujours été. Premièrement en tant que pratiquant. J’ai dès ma plus tendre enfance été touché par le virus du sport, la faute à des parents eux-même sportifs. Des bébés-nageurs à l’éveil gym puis à la gymnastique artistique, en passant (la séquence n’est pas forcément chronologique, et les différents sports ne se sont pas succédés, mais plutôt chevauchés puisque j’ai pu pratiquer activement jusqu’à 5 sports concomitamment) par le judo, l’équitation, la course à pied, le crossfit et le cyclisme. Si en premier lieu, l’essentiel de mes objectifs étaient concentrés sur la gymnastique, j’ai progressivement effectué une bascule vers le judo et ai obtenu durant mes années lycée et le début de mes études, ma ceinture noire puis mon 2ème dan. L’activité physique étant devenue progressivement de plus en plus difficile à faire tenir dans un emploi du temps d’interne de plus en plus chargé, je me suis tourné vers une pratique physique me permettant de dépenser un maximum de calories en un minimum de temps, le CrossFit, avec des performances plutôt honorables. Puis, chemin faisant, après une période d’inactivité relative, j’ai eu l’envie de reprendre le vélo (voir détail ci-après).
Deuxièmement, en tant que spectateur et boulimique du spectacle sportif. J’ai depuis toujours été un grand suiveur, de n’importe quel sport. Cyclisme, football, judo, lutte, gymnastique, handball… Il m’arrive même de suivre le programme délirant de l’Equipe 21 : pétanque, strong men, courses de caisses à savon, c’est dire.
D’où est venu ton intérêt pour le cyclisme ?
J’ai toujours plus ou moins pratiqué le cyclisme. D’abord comme la majorité des enfants, avec leurs parents. Les miens étant particulièrement actifs, nous avons beaucoup pratiqué. Principalement le VTT en région Touloise, en free-lance puis au sein du club des “VTT du Toulois”. Les reliefs lorrains étant trop légers, et ceux des Dolomites, où notre famille possède une maison de vacances, ayant déjà été domptés à pieds, nous nous sommes attaqués à leur conquête là à pédale. Tâche loin d’être évidente et pourtant tellement agréable. Puis la pratique, les années passant, les études se faisant et le temps libre s’amoindrissant, s’est faite de plus en plus rare, jusqu’à s’éteindre, temporairement heureusement.
En parallèle, grand fan des événements sportifs j’ai passé mes étés à regarder le tour de France à la télévision. Certaines années, je poussais le vice jusqu’à connaître les noms de tous les participants et leurs numéros de dossards !
Ce n’est que récemment, en 2021 durant mon premier clinicat à Nancy que, décidé à reprendre une activité physique régulière, j’ai opté pour la pratique du vélo. A l’époque, habitant en appartement au 4ème étage sans ascenseur ni moyen de nettoyer un vélo à grandes eaux, j’ai choisi de ne pas reprendre le VTT, mais plutôt d’investir dans un vélo de route ainsi qu’un home trainer, et de me faire plaisir, à savoir, être un minimum performant dans ma pratique. Et c’est là qu’intervient la magie HOÄO…
Parle-nous un peu de l’évènement en lui-même… Qu’est-ce qui t’a plu ? Qu’est ce que tu as moins aimé ?
Cet évènement, pour tout cycliste, mérite vraiment d’être vécu au moins une fois dans une vie. Rouler sur le parcours des pros, sur une route fermée à la circulation, avec une ambiance folle sur le bord de la route, c’est quelque chose d’incroyable et d’inoubliable. L’organisation, en dehors du report du dimanche vers le samedi (la faute à la tenue des élections législatives) ayant compliqué les réservations de train et d’hôtel, était top. Tout est fait pour que les participants se trouvent plongés dans l’ambiance du tour de France, dans l’ambiance de l’étape. Alors on peut reprocher le caractère mercantile de l’affaire, et il ne faut pas se leurrer, ASO rentre plus d’argent qu’il n’en sort, mais il faut reconnaître que tout est fait pour que tout un chacun soit en mesure de se construire (et acheter) des souvenirs inoubliables, et l’entreprise est plutôt bien réussie.
Si je devais retenir un point négatif : ma chute. Une erreur bête, un pneu trop gonflé, un freinage un peu sec et c’est l’avant du vélo qui passe en avant de son avant et le cycliste qui s’ébranle (j’ai bien dit qui “s’ébranle”) par dessus sa machine dans une formidable pirouette “Brian Joubertesque”. La suite ? Une carrosserie rayée, un maill’HOÄO troué et un frein avant aux abonnés absents. La chute en elle-même n’aurait pas été aussi négative si au final, elle n’avait pas occasionné de casse matériel. Mais je dois avouer que la perte du frein avant aura fortement impacté le plaisir pris dans les 2 descentes suivantes. Mais c’est ainsi, je suis chanceux de m’être relevé en une seule pièce, et d’avoir tout de même pu rallier l’arrivée dans un temps très honorable.
Qu’as-tu pensé de l’épreuve ?
Bon nombre de mes commentaires vis-à-vis de l’épreuve figurent dans ma réponse précédente.
Cette épreuve vaut la peine d’être vécue. Pour ma part je souhaite rééditer l’expérience.
En ce qui concerne le parcours, il était particulièrement difficile cette année. Une étape courte, 138 km, mais sans le moindre mètre de route plate. Après un bref défilé dans Nice puis une dizaine de km bien souvent en faux-plat montant, nous enchaînons le col de Nice, le col de Braus, le col du Turini, le col de la Colmiane pour terminer par le col de la Couillole. Soit au total 4600 m de dénivelé positif, tout un programme. Si l’euphorie du départ et le nombre impressionnant de coureurs à dépasser m’ont poussé à bon train le col de Braus, j’ai été plus régulier dans le col du Turini. La fatigue approchant, la montée du col de la Colmiane s’est faite au capteur de puissance et au cardiofréquencemètre, d’une régularité exemplaire, tout comme le bas du col de la Couillole. Quant aux derniers kilomètres, tel le cheval sentant l’écurie approcher, le peu d’énergie qui restait jusqu’alors auront permis de terminer l’épreuve sur un beau rythme et de reprendre au passage une quantité impressionnante de cyclistes agonisant sur leurs montures, collés au bitume. L’un d’eux, d’une lucidité qui laisse songeur, aura même mis pied à terre pour s’asseoir sur le parapet avant de, dix secondes plus tard, tomber à la renverse dans le ravin (je n’ai pas personnellement vécu cette anecdote, elle m’a été rapportée par une connaissance, témoin de la scène ; rassurez-vous, le malheureux a été rapidement repêché et va bien). En bref, une belle gestion et un plaisir immense pris dans l’effort.
Quelle préparation as-tu mise en place pour atteindre cet objectif ?
Concernant la préparation, elle aura été, et Thibault en conviendra, sous-optimale mais j’en porte l’entière responsabilité. Mon travail ayant été sur les derniers mois plus qu’accaparant, je n’ai eu que peu de temps à consacrer à un entraînement décent. Ajouté à cela que je suis incapable de faire une sortie du dimanche matin avec les membres de mon club de l’US Ivry cyclisme (que je remercie du fond du coeur pour leur bonne humeur et leur présence toute l’année, ainsi que leur accompagnement pour ceux ayant fait partie de l’aventure à Nice) en respectant la fameuse Z1-2 et le pauvre Thibault aura eu un challenge assez relevé pour tenter de me préparer correctement en à peine 6 semaines à cette épreuve.
Alors, que les choses soient claires, nous ne partions pas de zéro. J’ai tout de même une base assez solide puisque je roule assez régulièrement dans l’année, avec des périodes assez intensives entrecoupées de périodes de pauses souvent imposées par la charge de travail hospitalo-universitaire. La puissance était là, l’endurance également. L’interrogation ne portait pas sur ma capacité à franchir un col (pour mon format je monte plutôt bien), mais surtout sur ma capacité à en enchaîner plusieurs.
Nous avons donc opté pour, en 6 semaines avec une possibilité de 2 séances courtes sur home trainer et une sortie longue en extérieur par semaine, pour un mix entre séances de force et séances de vélocité. Le résultat, 6 semaines plus tard : une étape du tour de France bouclée à un rythme correct, en gestion, sans agonie et avec un plaisir immense pendant et après l’épreuve. Ne nous voilons pas la face, cette épreuve était difficile, vraiment, mais nous sommes parvenus à l’apprécier et non pas à la subir. Se faire mal dans l’effort, c’est plaisant du moment que l’on a la sensation d’être efficace. Se faire mal en luttant et en subissant le parcours, c’est en revanche fort déplaisant et frustrant. Nous avons réussi à rester sur l’option 1, ce n’était pas gagné, et pour cela je dois remercier Thibault. L’usage du “nous” plutôt que du “je” dans mes précédentes phrases n’était pas anodin mais témoignait vraiment de la réussite d’une équipe plus que de ma seule personne.
Quelles sont tes prochains objectifs ?
Dans un premier temps, finir ma terrasse pour profiter des journées ensoleillées quand elles voudront bien pointer le bout de leur nez.
Sportivement parlant, je compte investir dans un cyclocross, pour m’initier à cette pratique et faire la saison 2024-2025 durant l’hiver.
Sur route, je compte participer à la saison 2024-2025 FSGT en ile de France qui devrait débuter au sortir de l’hiver. D’un point de vue cyclosportives, je pense me ré-inscrire pour l’étape du tour 2025, et probablement au moins un autre évènement montagneux type “Les marmottes” et/ou “Les 3 ballons”.
Encore un grand bravo pour ta performance Pierre !
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Théo, Thibault, Florian et Léo